Nicole Kavira: le déversement des milliers des réfugiés rwandais en RDC demeure la principale source d’insécurité à l’Est.[Interview]

Publié le 8 août 2020

La situation sécuritaire reste préoccupante dans l’Est de la RDC notamment au Nord-Kivu et Ituri depuis plusieurs années.
Certains pensent que l’insécurité persiste suite au manque de volonté des autorités compétentes, d’autres par contre estiment qu’il faut un soulèvement de la population pour mettre un terme aux massacres dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
La Rédaction de Juste-info.net a réalisé une interview exclusive avec Nicole Kavira, Activiste pro- démocratie et Coordinatrice du mouvement des indignés ce vendredi 7 Août 2020 à Kinshasa. Elle parle de la situation sécuritaire en RDC.
(Interview)

Nicole Kavira, voudriez vous nous parler de l’origine de l’insécurité en RDC particulièrement des zones envahies par des groupes armés ?
– Tout a commencé avec le mouvement des populations qui fuyaient le génocide au Rwanda, cherchant où se réfugier, elles ont trouvé une porte d’entrée en RDC vers Goma (au Nord-Kivu); cette ville n’étant pas fouillée ni contrôlée. l’ordre donné par le Haut Conseil des Réfugiés ( HCR ) a amené avec elle toutes les armes qu’elle avait en sa possession. N’ayant plus envie de retourner dans leur pays, ces derniers sont donc devenus des congolais. Trois ans plus tard, avec la guerre de la libération, Mzee Laurent Désiré Kabila a pris pour collaborateurs les militaires des pays voisins dont: le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Et depuis lors jusqu’en 2004 la rébellion a commencé et a pris de l’ampleur. Il y’a eu 6 millions des congolais qui ont perdu la vie en ce temps et d’autres ONG internationaux parlent de 8 millions de congolais.
Qu’est-ce qui explique la prolifération des groupes armés ?
– En 2019, on nous parlait de 132 mouvements rebelles mais à l’heure actuelle, on nous parle de 152 mouvements rebelles. Ce qui démontre que ces mouvements évoluent plus que les FARDC.
Est-ce que c’est un problème au sein de l’armée congolaise ?
Nous traçons une image sombre de la paix en RDC. L’armée congolaise a été largement infiltrée et fragilisée. Ceux qui autrefois étaient des ennemis sont devenus des dirigeants des FARDC; les officiers sont devenus des commerçants de la richesse du pays et n’ont plus assez de temps pour la lutte. Les officiers sous mandat d’arrêt international continuent de vivre librement et occupent des grands postes au sein des FARDC .
Selon un rapport Mapping des Nations-unies, les auteurs des massacres dans l’Est sont remerciés par le gouvernement au lieu d’être interpellés.
Qu’est-ce que vous donnez comme proposition pour palier à ce problème ?
– Pour parler de la paix dans l’Est du pays, il faut que le gouvernement central procède à l’identification des officiers et militaires puis passer à la purge au sein des FARDC. Il faut que cette dernière procède à la permutation des officiers, c’est-à-dire que les non originaires doivent maintenant occuper les zones insécurisées, car un officier militaire n’est pas un chef coutumier. La population commence à perdre confiance en la personne du Président de la République car pour elle, le Chef de l’Etat qui est capable de passer un mois à l’extérieur du pays est incapable de passer ne serait-ce qu’une semaine avec eux et ses promesses sont devenues infertiles.
Les pays voisins de la RDC seraient aussi impliqués dans cette insécurité ?
– Trois pays voisins s’acharnent sur un seul, dans le but de lui arracher ses terres, en créant des groupes de rébellion, ceci n’est donc pas une blague mais une lutte. L’ennemi, en tuant ne tient pas compte du sexe.

Voilà pourquoi nous lançons un appel aux femmes étant porteuses de Vie de s’engager et de soutenir les hommes face à cette lutte. Car même les violences sexuelles qui autrefois avaient cessé, commencent à refaire surface. Ce n’est qu’ensemble que nous serons victorieux.

Laurentine Bongesa